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Bagan
La plaine des temples

Sur la rive orientale de l’Irrawaddy, dans une éternelle renaissance, les vestiges d’un glorieux passé émergent dans une atmosphère irréelle et envoûtante.

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Aux premières heures du jour
Berger et son troupeau.

De sa splendeur passée, Bagan nous offre sa vallée aux milliers de temples et dévoile l’ampleur de la ferveur religieuse du peuple birman. De spectaculaires levers et couchers de soleil aux couleurs flamboyantes rehaussent d’un brun rouge mordoré les briques et les stucs des élégantes architectures bouddhiques intensifiant le caractère sacré de ce site exceptionnel.

Le voile de brume se dissipe sur l’ancienne capitale du premier royaume à avoir unifié le pays. À la croisée des grandes voies d’échanges entre l’Inde, la Chine du sud et le sud-est asiatique, Pagan – de son ancien nom – a été un lieu privilégié, bénéficiant de multiples influences et courants de pensée. Pendant plus de 300 ans la cité a rayonné. Berceau de la civilisation birmane, l’empire subira au cours du XIIIe siècle plusieurs invasions par les armées mongoles, avant de succomber définitivement en 1297. Malgré la chute de l’empire, Pagan restera un centre névralgique de pèlerinage.

Au cours des siècles, les temples, stûpas et pagodes les plus vénérés furent entretenus. Endommagés par de nombreux séismes, beaucoup d’autres aux structures fragilisées subirent des dégradations, les affres du temps et tombèrent en ruine. Avec plus de deux mille édifices toujours existants, ce lieu à la magie incomparable demeure fascinant.

Carte

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Le temple Thatbyinnyu
Avec près de 66 mètres, plus haut monument de Bagan.
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Royaume de Pagan

Vaste site archéologique

Premier empire birman

Bagan est un site archéologique voué au culte de Bouddha, toujours actif, vénéré par les locaux et de nombreux pèlerins. Ce site en impose par sa démesure, par le nombre impressionnant de monuments, sa majesté et la diversité de ses styles. À son apogée près de cinq mille édifices religieux étaient répartis sur une vaste étendue de plusieurs dizaines de kilomètres carrés, rivalisant par son importance et sa notoriété avec les sites d’Angkor au Cambodge ou Borobudur à Java.

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Briques et voutes clavées

Enrichie, à l’époque, d’un système d’irrigation grâce à l’artère vitale du pays – le fleuve Irrawaddy – cette immense plaine cultivable a connu la riziculture intensive durant les siècles d’expansion de Pagan. Durant cette ère, la ville a vu s’élever certains des plus somptueux et élaborés stûpas. L’utilisation de la brique et de la voûte clavée s’est imposée comme un élément primordial pour l’édification de ces monuments religieux. Certains étaient recouverts de feuilles d’or, tandis que d’autres étaient agrémentés de bas-reliefs en terre cuite émaillée représentant la vie de Bouddha. Ils constellaient la plaine de leur beauté plastique.

Au loin le temple Thatbyinnyu
Édifices dans la plaine.

Stucturer l’espace

Perspectives

Nous sommes dans une structuration de l’espace. Posée à même le sable, comme des sculptures, l’architecture des édifices est plus orientée sur la beauté des formes que fonctionnelle. Capter la lumière, s’équilibrer, éblouir et scintiller dans les lueurs du levant ou du couchant. Difficile de rester insensible devant cet échiquier géant où la multiplicité des monuments et des perspectives est déterminante. Elle contribue à la diffusion et au rayonnement du bouddhisme dans cette partie de l’Asie.

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Attente du couché de soleil
Aux heures du soir, jeune novice.

Sculpture sur teck

Constitué de bois, de bambou tressé et de chaume, l’habitat laïc de l’époque n’a pas résisté au temps et les traces des vestiges de ce passé ont disparu ou semblent extrêmement sommaires. Il n’en demeure pas moins que certains monuments religieux comme les monastères permettent encore d’admirer de magnifiques ouvrages sur bois. Utilisé pour la construction et la réalisation de sculptures, le teck de Dahat est un bois chargé d’huile, imputrescible. C’est une essence des plus précieuses et des plus résistantes. Endémique du Myanmar on peut le retrouver dans la structure des édifices et dans la décoration de façades finement ouvragées.

Moine au monastère
Sculptures sur teck.

C’est sur ce support que les artisans birmans ont exprimé leur art de la sculpture avec une dextérité exemplaire. Cette dentelle de bois finement travaillée démontre une prédominance d’attributs et de motifs floraux entrelacés propres aux anciens monastères. Dans une exubérance de formes et de bas-reliefs fascinants, les sculpteurs ont ciselé à merveille la matière. Les savoirs ancestraux au service du sacré dans ce pays à l’identité intrinsèquement liée au bouddhisme, ont permis de perpétuer cette richesse de compétences à travers les siècles. Les scènes narratives de la vie de Bouddha le démontrent par les qualités plastiques et décoratives de leurs sculptures.

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Jarres en terre cuite.
Dans la cour d’un monastère.

La vie monastique

Dans ce pays où la population pratiquant le bouddhisme est proche de 90 %, les jeunes Birmans sont prédestinés à passer des séjours dans un monastère. Il n’est donc pas rare de voir de jeunes enfants en robe safran et crâne rasé – signe d’un renoncement aux biens matériels – s’initier aux règles de vie des moines. Le développement des écoles publiques à légèrement tendance à réduire le nombre de ces novices.

D’autres se destinent à suivre la discipline et les règles de vie du code monastiques sur le long terme. Ils seront hébergés au sein du monastère dans un logement sommaire, souvent en dortoir. En réponse à leur volonté de se consacrer à une vie spirituelle, de nombreuses heures de leur journée seront dévolues à la méditation, à l’étude et à la prière. Être moine apporte prestige, respect et demeure un grand honneur pour une famille birmane.

La vallée de Bagan
Moine dans un village au nord de Bagan.

Au bord de l’Irrawaddy

Vie quotdienne & activité

Vie quotdienne & activité

De l’union de la Mali et de la Nmai nées dans les montagnes de l’Himalaya, l’Irrawady étire ses méandres sur plus de deux mille cent soixante-dix kilomètres à travers le Myanmar. Véritable colonne vertébrale du pays, du nord au sud, il scinde l’état en deux, avant de s’écouler dans la mer d’Andaman en un large et fertile delta. Il a contribué, à travers les siècles, à l’essor économique du pays. Axe principal du transport et de peuplement, il a vu naître et se développer une activité économique le long de ses berges. C’est en 849, sur sa rive orientale, que ce gardien de l’histoire verra s’élever l’ancienne capitale de Pagan. La cité aux milliers d’édifices surplombe les rives de ce fleuve nourricier pour des millions de Birmans.

Fleuve Irrawaddy
Remontée de marchandises.

En saison sèche le lit du fleuve Irrawaddy présente de nombreux bancs de sable, suivant le tirant d’eau des embarcations, la navigation peut s’avérer délicate. Les navigateurs téméraires accostent le long des berges friables et des passerelles de fortunes permettent de décharger les marchandises. Dans des nuages de poussières, de jeunes hommes, tel des gladiateurs juchés sur leur char en bois, remontent à bride abattue le dénivelé qui sépare le rivage de la plaine avec leurs bœufs athlétiques chargés de testostérone, avant de s’élancer sur les chemins cabossés.

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Fleuve Irrawaddy
Bateaux traditionnels et nasses.

Le travail des routes

Sur cette voie, à plusieurs kilomètres au nord de Bagan, des bidons de goudron éventrés et posés à même le feu bouillonnent. Comme dans des solfatares, la matière noire et visqueuse laisse échapper les vapeurs nocives. C’est dans cet enfer, sous la chaleur accablante, que la population locale travaille. D’un côté, les femmes brisent avec des maillets des pierres en petits morceaux, puis elles remplissent leur plateau rond tressé en bambou qu’elles vont par la suite déverser sur la portion de route à réaliser. De l’autre, les hommes remplissent leur seau à l’aide d’une louche rudimentaire, constituée d’une tige de bambou et d’une grosse boîte de conserve laquée par la substance. Dans un ballet incessant de va-et-vient quelques mètres seront réalisés chaque jour, aidé par un seul engin de terrassement. Les corps exténués après des journées harassantes de tâches pénibles et toxiques ne font malheureusement que détériorer leur santé et accentuent leur précarité.

Travail de revêtement de route
Fonte du goudron.
Récipients laqués
Viscosité du goudron.

Agriculture, la plaine de Bagan

Il est assez difficile de nos jours, de se projeter quelques siècles en arrière, dans un royaume aux terres riches et fertiles, tant la zone est devenue aride. Il ne reste que très peu de traces du système d’irrigation de l’époque florissante de la ville de Pagan. Cette plaine centrale est fortement touchée par la baisse de sa pluviométrie. Le changement climatique a fortement impacté la stabilité des rendements et les agriculteurs sont obligés de s’orienter vers des plantes plus adaptées à la sécheresse. C’est dans ce contexte que les cultures de l’arachide et du pois d’Angole - légumineuse vivace - se sont développées dans la région.

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Agriculteurs à l’ouvrage
Chargement des foins et irrigation.

Les marchés

Comme tous les marchés, ces lieux de vie, de rassemblement permettent de découvrir les productions locales et de croiser les villageois venus des bourgades environnantes. Dans ce pays devenu l’un des plus pauvres, des moins développés d’Asie, l’atmosphère y est souvent haute en couleur et les sourires pourtant accueillants. Certains visages marqués par l’âge, les difficultés et l’incertitude dégagent la force d’un combat quotidien. Tandis qu’un peu plus loin, dans une atmosphère plus légère, des femmes vous proposent des plats cuisinés. Souvent du poisson d’eau douce assortie d’un condiment à base de pâte de crevette ou de poisson fermenté, de tomates, d’échalotes, de piments frits. Nommé Ngapi yay cette sauce à l’odeur forte, parfois agrémenté d’autres légumes, accompagne de nombreux plats dont elle est souvent l’unique source de protéines.

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Portraits de femmes
Marchés, région de Bagan.

FIN